Je suis une fan de l’émission : “Dans l’oeil du dragon“, cette émission où des entrepreneurs du Québec tentent de convaincre 5 investisseurs privés d’investir dans leur entreprise. Le concept de l’émission est intelligent et j’aime l’opportunité qu’elle crée pour un bon nombre d’entreprises de chez nous. Je voue également une admiration toute spéciale à Mme Henkel, après avoir lu sa biographie, plus tôt cette année. À ce sujet, vous pouvez relire l’article: Daniele Henkel: Son intuition, notre inspiration. Toutefois, je suis sidérée de constater qu’émission après émission, certains entrepreneurs ne comprennent toujours pas ce que recherchent les dragons et je suis également perplexe vis-à-vis de certains concepts de la finance corporative qui y sont véhiculés.
Ce que recherchent les dragons
Je ne comprends pas pourquoi, à l’émission “Dans l’oeil du dragon“, il y a toujours une entreprise qui fabrique des macarons, des cupcakes ou autre pâtisserie du genre, de façon très artisanale, dans les projets présentés. Ces entreprises sont des entreprises à vocation locale, qui ne pourront jamais intéresser un dragon. Ce que les dragons veulent d’abord et avant tout, c’est réaliser un rendement intéressant sur leur investissement et pour ce faire, votre projet doit pouvoir être décuplé grâce à cet investissement. J’irais même jusqu’à dire que sans cet investissement, votre entreprise ne pourrait passer à un autre niveau, soit un niveau hautement commercial. Ainsi, les projets intéressants pour les dragons sont les projets qui nécessitent un capital additionnel pour réaliser leur plein potentiel. Ces projets sont souvent déjà rentables mais peuvent être répliqués sur une échelle beaucoup plus grande et ainsi, offrir un rendement intéressant.
Généralement, un investisseur accepte un rendement de 25% sur 5 ans. Donc, il veut faire 3 fois la mise de départ. Pour comprendre comment obtenir cette donnée, je vous invite à relire l’article “Calculer un taux de croissance annuel composé (CAGR)“. Dans le cas d’une entreprise à 250K$ aujourd’hui, elle doit valoir au moins 750K$ dans 5 ans, pour intéresser un dragon.
Concepts de finance corporative
Le concept de valeur d’entreprise est à la fois simple et complexe. Chose certaine, il est toutefois mécompris des participants. Récemment, à une dame qui demandait 50K$ pour 20% de son entreprise, M. Frigon a souligné le fait qu’elle demandait un quart de million pour son entreprise et cette dernière s’est empressée de dire qu’elle n’avait jamais dit ça! Cela dit, le concept de valeur d’entreprise me semble également parfois écorché par les dragons eux-mêmes.
Par exemple, on entendra souvent un dragon parler de valeur d’entreprise “pre-money”, tout en faisant référence à une valeur d’entreprise “post-money”. Pour mieux comprendre, voici un exemple simple. Quand un entrepreneur demande 50K$ pour 20% de son entreprise, il est faux de dire que la valeur pre-money est de 250K$. Il s’agit plutôt d’une valeur post-money. Ainsi, dans l’exemple ci-bas, lorsqu’un dragon investit 50K$ pour 20% de l’entreprise, vous constaterez que la valeur d’entreprise post-money est de 250K$. Pour avoir une valeur d’entreprise pre-money de 250K$, il aurait plutôt fallu que le dragon investisse 62.5K$ pour 20% de l’entreprise.
Valeur d’entreprise vs valeur des actions
Mon collègue, Francis Paquet, ing., M.Sc., EEE, expert en évaluation d’entreprise, soulève un autre point concernant le traitement de la valeur d’entreprise. En fait, les calculs ci-haut ne sont pas tout à fait exacts si l’on parle réellement de valeur d’entreprise, puisqu’ils ne considèrent pas la valeur des dettes. Le résultat est donc une valeur des actions et non une valeur d’entreprise à proprement parlé.
La valeur d’entreprise est en fait la valeur des actions + la valeur des dettes – valeur des actifs excédentaires (cash). Francis Paquet, ing., M.Sc., EEE, expert en évaluation d’entreprise. Voir son profil LinkedIn.
Cela dit, il est vrai que plusieurs des entreprises qui se présentent à l’émission “Dans l’oeil du dragon”, ne possèdent pas de dettes et donc, le calcul demeure le même.
Proposition aux concepteurs de l’émission
L’intérêt principal de l’émission réside sans doute dans le fait de découvrir de nouvelles entreprises. L’idée d’inviter les téléspectateurs à soumettre leur impression via le web est une des nouveautés intéressantes du concept de l’émission. Je suggèrerais toutefois, pour la prochaine édition, que l’on intègre également des capsules de finance corporative afin que les entreprises, tout comme les téléspectateurs, comprennent un peu mieux la base du raisonnement des dragons et des arguments qui sont avancés.
Tellement d’accord. Merci pour les éclaircissements!
Ma proposition:
Sophie Marchand comme co-animatrice pour introduire les concepts de finance corporative.
Les cotes d’écoute atteindraient des niveaux dignes des match no 7 Canadiens Bruins!
Article fort intéressant! Merci beaucoup Mme Marchand!Il existe cependant plusieurs façons d’évaluer les entreprises (autres que celles proposées par vous et par M. Paquet): la méthode d’évaluation dépend surtout du contexte, du type d’entreprise et du marché (comment évalue-t-on tel type d’entreprise évoluant dans tel type de marché à tel moment). Les méthodes d’évaluation, bien qu’elles ne changent pas dans le temps, peuvent toutefois varier selon les époques.
À vue de nez vous avez notamment, la méthode comptable (valeur aux livres), la méthode des comparatifs de marché (notamment pour l’évaluation de brevets et autres intangibles difficiles à évaluer), la méthode des comparables de secteur (différente de la dernière) et celle de la valeur future des cash flows. Il en existe également 1autre que je ne me rappelle plus le nom -désolé- faisant intervenir les paiements de dividendes (inutile dans le cas de l’Oeil du Dragon).
Il est vrai que plusieurs entrepreneurs ne semblent pas comprendre le positionnement du capital des dragons: à cet effet, tous ne sont pas financiers ou comptables, et du reste, une bonne idée reste une bonne idée. D’autre part, je constate que parfois, certains entrepreneurs semblent plutôt rechercher de la publicité pour leur produits à la télé nationale que réellement des investissements de la part des dragons.
Enfin, en ce qui a trait aux pâtisseries et autres produits de restauration, je ne suis pas tout-à-fait d’accord avec vous: Charlevoix et le sirop d’érable s’exportent jusqu’au nord de l’Europe et le sirop jusqu’en Chine. Nous importons aussi des produits français fabriqués ici lorsqu’ils sont périssables (par exemples, les fameux macarons qui envahissent le marché des pâtisseries fines depuis 10 ans). Il faut dire que les dragons passent parfois à côté d’occasions spectaculaires, comme le principe de lumière rouge qui clignote lorsqu’un but est compté au hockey, récupéré par Budweiser et qui connaît un succès monstre chez les amateurs nord américain. Ces dragons ne sont pas infaillibles!
Bien à vous,
JEan-François Côté
“Je ne comprends pas pourquoi, à l’émission “Dans l’oeil du dragon”, il y a toujours une entreprise qui fabrique des macarons, des cupcakes ou autre pâtisserie du genre”
C’est peut-être juste pour la visibilité et la pub “gratuite” qu’ils y vont! 😉
(comme l’a si bien dit J-F Coté ci-dessus)
Bonjour à tous , tout d,abord félicitations pour le contenu de ce blog !!Très intéressant.
Cependant, je ne trouve aucune conversation qui pourrait m’aider à bien comprendre comment fonctionnent les compagnies d’assurances et comment être capable de choisir la bonne, L’année passé j’ai du modifier ma police car je me suis procuré une nouvelle voiture de luxe, j’ai donc magasiné sur internet et j’ai trouve à date je suis très content du service mais ma question au niveaux financier est est-ce-que c’est plus avantageux faire affaire avec un courtier ou avec une compagnie d,assurance directement ? est- ce que je perds de l’argent ?
Super article ! Les parcours comme celui defrédéric mazzella fortune sont très inspirant !